Après soixante-dix ans de marxisme-léninisme, après des millions de morts, après l'implosion de l'URSS, que reste-t-il de l'Homo sovieticus ? Armée d'un magnétophone et d'un stylo, mue par l'attention et la fidélité, Svetlana Alexievitch a rencontré des survivants qui ont vécu la petite histoire d'une grande utopie et témoignent de cette tragédie qu'a été l'Union soviétique. Ce magnifique requiem fait ainsi résonner des centaines de voix brisées : des humiliés et des offensés, des gens bien, d'autres moins bien, des mères déportées avec leurs enfants, des staliniens impénitents malgré le Goulag, des enthousiastes de la perestroïka ahuris devant le capitalisme triomphant et, aujourd'hui, des citoyens résistant à l'instauration de nouvelles dictatures... A la fin subsiste cette interrogation : pourquoi un tel malheur ? Le malheur russe ? Impossible en effet de se départir de l'impression que ce pays a été "l'enfer d'une autre planète".
Née en 1948 en Ukraine, prix Nobel de littérature en 2015, Svetlana Alexievitch vit à Minsk. Elle est notamment l'auteur de La guerre n'a pas un visage de femme, Derniers témoins et La Supplication - trois textes rassemblés dans un volume de la collection "Thesaurus" d'Actes Sud. La Fin de l'homme rouge (Actes Sud, 2013) a reçu le prix Médicis essai et a été élu meilleur livre de l'année 2013 par le magazine Lire.